À l’aéroport de Saint-Hubert, en août dernier, le magazine Aviation est allé à la rencontre du bombardier B-25J Mitchell, surnommé « Maid in the Shade », de la Commemorative Air Force. Il nous rappelle l’histoire de ces légendaires B-25 qui ont même servi dans des films comme Catch 22.

Saint-Hubert, 2018 : Les commandants d’origine française Brice LeCarre et François Bergeon posent fièrement devant leur B-25J Mitchell avec le chef mécanicien américain Ken Martin.

En 1939, la North American Aviation développe le 1XB-21 qui devient par la suite les NA-40, NA-62 et YB-25. Elle livre à l’USAAF environ 9816 appareils, dont 2600 seront en service en même temps. Nommés en l’honneur du général William B. Mitchell, pionnier militaire, ils sont exportés en grand nombre et utilisés sur divers théâtres d’opérations par six escadrons de la 2e Force aérienne tactique de la Royal Air Force, l’US Air Force, l’US Navy et de nombreuses Forces alliées. Suite à l’attaque de Pearl Harbor du 7 décembre 1941, la véritable carrière des B-25 débute le 18 avril 1942 avec le Raid de Doolittle où seize d’entre eux ont décollé du porte-avions USS Hornet pour bombarder Tokyo. Le 1er novembre 1944, au nord de l’Italie, les B-25 neutralisent des ponts, stations et chemins de fer ou voies de transport de l’Armée allemande.

En 1944, avec des modifications pour y recevoir des mitrailleuses, des B-25B, B-25D, B-25G et B-25H servent en URSS. Frappés de l’étoile rouge russe, ils suivent des convois maritimes qui relient le Royaume-Uni à l’Union soviétique. L’US Navy utilisera des B-25H Mitchell (PBJ) pour surveiller des bases navales et aéronavales américaines. Après la guerre, il est utilisé par des escadrons de la base aérienne de Mitchell, dans l’État de New York, et de la base aérienne d’Andrews, au Maryland, comme avion d’entraînement, pour la navigation, l’utilisation des radars et avion de transport rapide. En 1952, des B-25 sont remplacés par des RB-45 pour ensuite être mis hors service militaire au printemps 1962. En ce moment, il ne resterait plus que 34 B-25 Mitchell en état de vol.

Saint-Hubert, 2018 : Après un circuit touristique au-dessus de Montréal, l’atterrissage du B-25J « Maid in the Shade ».

Le B-25J Mitchell « Maid  in the Shade »

Le bombardier a un poids à vide de 21 120 lb (9 579 kg), un poids maximum de 35 500 lb (15 195 kg) et une envergure de 67,6 pi (20,5 m). Sa longueur est de 52 pi, 11 po (16,12 m) et sa hauteur est de 17 pi, 7 po (5,35 m). Il est muni de deux moteurs Wright Cyclone R-2600-29 de 14 cylindres développant 1 700 HP chacun. Sous un plafond de 25 000 pi, sa vitesse maximale est de 275 mph (442,57 km/h). En 1944, un B-25J (43-35972), identifié avec le chiffre bleu 18 inscrit sur les gouvernails, est dirigé vers la base aérienne de Serraggia, Corse. Du 4 novembre au 31 décembre 1944, le B-25 y effectue 15 missions et sera marqué de la Croix de guerre pour ses missions en Europe. Le 10 janvier 1945, le B-25J sera entreposé jusqu’à la fin de la guerre. En 1946, l’avion est utilisé aux fins de transports du MATS de la base aérienne de McChord Field, État de Washington. Après la guerre, ce B-25J sert les escadrons de la base aérienne de Mitchell, État de New York, et de la base aérienne de Davis-Monthan Air Force.

Saint-Hubert, 2018 : Sur le tarmac, un Nose Art réussi sur ce B-25J aux couleurs d’une belle Pin-Up « Maid in the Shade », marqué 18 (335 972).

En 1959, le B-25J (N9552Z) est vendu à National Metal Co. En 1960, revendu à Aviation Alabama, il sert à l’épandage agricole. En 1970, il est acquis par des collectionneurs qui l’offrent à la Commemorative Air Force, en Arizona. Dans les années 1990, on le restaure et on y installe deux moteurs Wright R-2600-35. En 2002, il reçoit le nom de « Maid in the Shade ». En 2003, on y ajoute l’image d’une femme-pilote du WASP pour représenter la Corse durant la campagne d’Italie. En 2009, il est certifié par la FAA. Le 29 mai 2009, il fait son premier vol avec les pilotes Russ Gilmore et Spike Mclane de l’Arizona Wing et Tim Jackson de la CAF du Minnesota.

À Saint-Hubert, le B-25 « Maid  in the Shade »

Le magazine Aviation a rencontré le commandant François Bergeon qui cite : « Le B-25 possède un système hydraulique complexe qui contrôle les freins ainsi que le mouvement des traînées, des volets de capot et de la soute à bombes. En vol, le pilote doit ajuster le compensateur de profondeur lorsque les occupants se relaient au poste du mitrailleur de queue. Le centrage est assez précis et rien ne peut être stocké dans la queue sous peine de voir le nez de l’appareil se lever lors du décollage.

Le comportement du Mitchell avec un moteur en panne (N-1) est délicat à basse vitesse, ce qui nécessite d’accélérer juste après le décollage avant de prendre de l’altitude. Mais il s’agit d’un appareil polyvalent et solide; le fait qu’une trentaine de cellules soient toujours en état de vol est preuve de sa longévité. Sans parler de la prouesse des Doolittle Raiders qui sont parvenus à lancer leur attaque vers le Japon à partir du pont d’un porte-avions! »

Poste de pilotage du B-25J Mitchell, en visite à Saint-Hubert en 2018.

À ce sujet suit le fier propos du commandant Brice LeCarre : « Le B-25 est un appareil bruyant mais très apprécié des passagers. Vraiment, ce bombardier moyen a beaucoup de puissance, car il est construit très solidement. Du point de vue pilotage, c’est un grand plaisir de « jouer » avec. On ressent, on entend la puissance des deux moteurs de 1700 HP. C’est complètement excitant et absorbant. Rien d’autre n’existe. L’expérience du pilotage avec deux pilotes apporte beaucoup plus de maîtrise pour dompter la machine rapidement.

Il faut aussi une bonne dose de passion. Ce type d’appareil est extrêmement rare et c’est un honneur d’être invité à faire partie de l’équipe navigante. Meilleure expérience… À Bristol, au Tennessee, l’avion est devenu une extension de mon esprit, ce qui m’a donné une familiarité, une connexion avec ce B-25 que je n’avais encore ressentie. Ce vol magnifique s’est terminé avec une approche précise, sans effort, avec une réelle maîtrise. »

 

Remerciements :

Commandant Brice LeCarre et au commandant François Bergeon

 

Photos : Martin Cormier