LE BEAU TEMPS EST ARRIVÉ!

Plusieurs d’entre vous attendent la saison estivale avec impatience afin de pouvoir profiter de leurs jouets préférés. Après quelques mois d’hibernation, vous remettez en service votre appareil. Pour plusieurs, c’est une routine habituelle de faire une inspection de la mécanique et de votre instrumentation (aussi appelée inspection 24 mois). Une collègue m’a fait remarquer que pour certains, ce que nous effectuons dans le cadre d’une inspection 24 mois n’est pas toujours clair pour nos clients. J’ai donc pensé dédier cet article à ce fameux 24 mois afin de vous permettre de mieux comprendre pourquoi c’est important, mais aussi pour vous expliquer pourquoi il est bon d’investir dans ces entretiens.

Source: http://www.talisman-illustration-design.com/turbulence/pages/modules3_gen/3_01_02_instrumentsVol1.html

Pour commencer, quand nous parlons d’inspection 24 mois, il est question de la vérification des altimètres à bord de l’appareil, qu’ils soient barométriques ou numériques (G1000 par exemple). Cette inspection est demandée par nul autre que Transports Canada. Elle permet de vérifier dans son intégralité le système qui vous permet de savoir à quelle hauteur vous vous trouvez. Premièrement, nous vérifions si l’altimètre fuit. Certes, dans un appareil non pressurisé, cela a moins d’impact. Mais lorsqu’un altimètre défectueux se trouve dans un appareil pressurisé, cela peut mener à une mauvaise indication de l’altitude. Pourquoi? Parce que disons que l’appareil se trouve à 15 000 pieds et que la pression cabine est à 8000 pieds, l’intérieur de l’altimètre (le boîtier) est censé être à 15 000 pieds afin de vous l’afficher. Cependant, si le boîtier fuit, la pression du boîtier de l’altimètre va tenter de s’équilibrer avec la pression de la cabine qui, elle, est à 8000 pieds. Vous voyez le problème? La fuite vient très souvent de l’appareil lui-même au travers du système pitot-statique. La ligne statique, qui lit vos instruments à la prise statique à l’extérieur de l’appareil, est souvent la source du problème. Bien sûr, il faudra une fuite relativement importante avant d’avoir des problèmes d’indications, mais c’est pour cette raison que nous vérifions cela afin de rectifier la chose avant qu’elle devienne un véritable problème. Les limites de fuites sont établies par Transports Canada sous les standards 571 appendice B. Ensuite, grâce à nos équipements, nous simulons différentes altitudes et vérifions que chaque point de test est à l’intérieur des tolérances. Par exemple, nous simulons une pression équivalente à 1000 pieds et nous vérifions que l’altimètre testé indique entre 980 pieds et 1020 pieds. Chaque point de test a une tolérance différente. Plus on est bas, moins la tolérance est grande; et plus on est haut, plus nous avons de marge. Par exemple, à 20 000 pieds, l’altimètre doit indiquer entre 19 870 pieds et 20 130 pieds. Au moment où nous vérifions chaque altitude sélectionnée, nous effectuons aussi un test de friction de l’altimètre, c’est-à-dire que lorsque nous arrivons à l’altitude demandée avec notre instrument de test, nous prenons en note l’altitude indiquée sur l’altimètre à ce moment. Ensuite, nous faisons vibrer l’altimètre et prenons la nouvelle altitude en note. Souvent l’indication fluctue de quelques dizaines de pieds, mais elle ne doit pas dépasser la limite. Par exemple, un altimètre à 5000 pieds sans vibrations indiquera 4980 et après vibrations 5020. Ce test sert à vérifier la mécanique interne de l’altimètre, puisque trop de friction mène à des erreurs d’indications. Ce test ne s’applique pas vraiment à des altimètres électriques ou électroniques (G1000), car il n’y a pratiquement plus de mécanique reliant l’affichage à la capsule anéroïde (ou capteur de pression). Nous vérifions aussi le calage barométrique car là aussi, il est possible d’induire une erreur qui se reflétera sur les paliers de vol. Par exemple, si pour un calage barométrique de 29,92 (standard) nous sommes à -50 pieds, cette erreur sera présente à chaque altitude. Il est donc important de bien vérifier et d’ajuster ce calage afin d’éliminer des erreurs qui auront des répercussions sur tout le reste. Nous effectuons aussi quelques autres tests qui permettent principalement de vérifier l’état de la capsule anéroïde (ou capteur de pression) en vérifiant le temps de réponse de l’altimètre barométrique.

Source: https://www.aircraftspruce.ca/catalog/avpages/smallestEncoder.php

Ensuite, lors de l’inspection 24 mois, nous devons nous assurer que les différents paramètres du transpondeur se trouvent à l’intérieur des tolérances, principalement le message que votre transpondeur envoie à la tour de contrôle pour transmettre votre altitude. À l’intérieur de zones contrôlées, le mode C du transpondeur (soit le message avec l’altitude) est obligatoire. En général, les appareils sont équipés d’une petite boîte appelée encodeur. Certains altimètres ont un encodeur intégré. Ce module sert à prendre la pression statique (la même que votre altimètre) afin de la convertir en un code qui pourra être transmis par votre transpondeur. Donc, lorsque vous êtes à 1300 pieds, l’encodeur traduit cette pression barométrique en code binaire et envoie ce code à votre transpondeur qui, lui, une fois en mode Alt (ou mode C), transmet ce code à la tour de contrôle. Lorsque nous faisons la corrélation de l’encodeur, nous nous assurons que l’altitude que l’encodeur envoie concorde avec l’altimètre que vous avez à bord de l’appareil. Nous effectuons toujours cette batterie de tests en même temps, car ils sont en quelque sorte tous liés les uns aux autres. Un problème que nous voyons souvent est un encodeur désajusté. Cela se manifeste par exemple lorsque la tour vous redemande de monter à une altitude de 3000 pieds, car le contrôleur vous voit à 2700. Cette situation peut survenir lorsqu’une erreur sur l’indication de votre altimètre s’additionne à un mauvais ajustement au niveau de l’encodeur. Cela peut mener au fait que vous lisez bel et bien 3000 pieds sur votre altimètre, mais que la tour vous voit à 2700 pieds, alors que vous êtes en réalité quelque part entre les deux.

Donc, normalement, si vous faites faire une inspection 24 mois sur votre appareil, voilà ce que vous devriez y retrouver. Tous les tests que nous effectuons sont mandatés par Transports Canada. Vous pouvez y jetez un coup d’œil sur Internet, sous les standards 571 appendice B & F pour les altimètres, les encodeurs et les transpondeurs et appendice G pour les ELT. En ce qui concerne les ELT, la certification doit être faite annuellement.